Chapitre III : La santé connectée ou l’espoir de réduire les dépenses de santé. #Chronique

Chapitre III La télémédecine, l’importance de la prévention.

Nous étudions dans ce chapitre les dépenses des affiliés du régime général de la sécurité sociale, poste par poste, en apportant quelques pistes possibles d’économies.

Les statistiques sont fournies par ameli.fr : La cartographie des dépenses de santé associées aux pathologies fréquentes et graves

Le premier poste grand consommateur de crédits est celui des hospitalisations ponctuelles, plus de 30 milliards d’euros, 7 millions de patients en 2015. Dans ce poste, pour économiser, il faut donc poursuivre le virage de l’hospitalisation classique vers une culture de l’hospitalisation de courte durée, et mieux, vers l’ambulatoire vraie, c’est-à-dire qui ne nécessite pas plus de prise en charge du patient après sa sortie (consultation soins infirmiers…).

Dans ma pratique personnelle, 95% des patients opérés de hernies de l’aine et de hernies ventrales sont hospitalisés en ambulatoire et ne nécessite habituellement pas de prescription de soins infirmiers, je souhaite toutefois améliorer le parcours de soins en utilisant une application connectée permettant de renforcer l’information et le contact avec le patient, qui devient en fait permanent, optimisant encore la sécurité.

Nous sommes persuadé à Innovationesanté.fr que la généralisation de ce type d’application de suivi de patient avec le cas échéant l’utilisation d’objets connectés, aideront cette mutation vers l’ambulatoire. Le patient bénéficiant d’un e-suivi (24h/24h), plus efficace que le suivi traditionnel.

Nous en attendons d’importantes économies, avec la diminution des frais d’hospitalisation, la diminution de prescription de soins infirmiers. En effet l’optimisation de certains détails dans la technique chirurgicale (pas de fils cutanée, des bandelettes adhésives sur les plaies opératoires…) permet la douche dès le lendemain de l’intervention et ne nécessite pas de désinfecter les plaies, une étude prospective avec plusieurs milliers de patients est en cours.

L’e-suivi doit permettre aussi la diminution du nombre des consultations post opératoires, cela est particulièrement vrai pour le suivi de plaies opératoires chroniques managées également avec une application avec l’envoi régulier de photographie…

Le deuxième poste de dépense est celui de la Santé mentale (maladies psychiatriques, traitements psychotropes) 19 milliards d’euro 7.2 millions de patients en 2015. De même ici il faut favoriser l’ambulatoire et le suivi connecté. La téléconsultation en psychiatrie n’en est plus à sa phase expérimentale. Voir : La télémédecine Dr HAOUZIR.pdf

Intégrée dans les EHPAD et dans les établissements médico-sociaux, la téléconsultation est un gage d’amélioration dans le diagnostic et le suivi des malades psychiatriques, et une promesse également de réduction de dépenses de santé par la diminution des déplacements en particulier qui représente 15% des dépenses pour ce poste.

Le troisième poste concerne la prise en charge des cancers : 14 milliards d’euros en 2015, 2.5 millions de personnes, mais la première cause de mortalité. Nous avons déjà montré (dans nos formations DPC) l’intérêt de la prise en charge de ce type de maladies chroniques par des applications, avec une efficacité démontrée.

Voir pour l’exemple, l’application développée par le Dr Fabrice Denis et son équipe, qui a fait l’objet d’une étude de phase III et qui concerne la prise en charge de patients présentant un cancer broncho pulmonaire.

Voir la publication: Randomized Trial Comparing a Web-Mediated Follow-up With Routine Surveillance in Lung Cancer Patients

JNCI: Journal of the National Cancer Institute, Volume 109, Issue 9, 1 September 2017, djx029,

Dans cette application le patient doit répondre chaque semaine sur son smartphone, à 10 questions basiques, (poids, appétit, fatigue, douleur, toux, essoufflement, déprime, fièvre, sang dans les crachats), le suivi est complété en fonction des réponses déclenchant le cas échéant consultation et examens complémentaires qui ne sont donc plus systématiques. L’étude montre une amélioration de la qualité de vie des patients et même un allongement de cette dernière. La diminution du nombre de scanner de contrôle est même spectaculaire. En plus de l’intérêt direct pour la qualité de vie du patient cela devrait permettre de substantielles économies.

Pour 2018 un projet pour une application de ce type est prévu pour le suivi de tous les cancers.  Voilà qui est très prometteur.

Le quatrième poste concerne les soins courants non spécifiques concernant des pathologies non chroniques : 13.5 milliards d’euros, 31 millions de patients. Cela représente 40% de l’activité des médecins généralistes.

Il est possible de trouver là une possibilité de réduction des dépenses grâce à la téléconsultation permettant de régler bon nombre de problème aiguës bénins (comme actuellement l’épidémie de grippe ou le malade va contaminer les autres patients dans la salle d’attente et le médecin lui-même qui le plus souvent n’est pas vacciné !

En retour le patient recevra une prescription sans grand intérêt, pour une pathologie ne méritant habituellement que le repos un peu d’aspirine ou de paracétamol…). Intérêt dans ce cas de la E-prescription.

Dans ce contexte il faudrait étudier la possibilité de prescrire aussi un « télé arrêt de travail »!

Qu’en pense la CNAMTS?

Intérêt également de la télémédecine pour les patients nécessitant une consultation non urgente et qui sont à mobilités réduites.

Les cinquième et sixième postes concernent les Maladies cardio-neuro-vasculaires, et le traitement du risque cardiovasculaire : 18 milliards d’euros et 11 millions de patients pour ces 2 postes en 2015.

Nul doute ici que la santé connectée permettra grâce à la prévention d’importantes économies à moyen et à long terme, il faut distinguer :

  • La prévention primaire : mesure permettant de diminuer l’incidence d’une maladie dans une population.

Exemple: prise de la tension artérielle chez un sujet normo tendu afin notamment chez les sujets à risque de diagnostiquer tôt le problème.

  • La prévention secondaire : mesures destinées à agir au tout début de l’apparition du trouble ou de la pathologie (afin de s’opposer à son évolution).

Exemple: contrôle de la TA chez un hypertendu traité (45% des hypertendus traités ont une TA non contrôlée)

  • La prévention tertiaire : elle intervient à un stade où il importe de diminuer les complications de la maladie.

Exemple : suivi de la TA chez un insuffisant cardiaque porteur d’une cardiopathie hypertensive et risquant une défaillance cardiaque.

Autre progrès connectés parmi tant d’autres : l’intérêt des défibrillateurs implantés télé-surveillés.

Le septième poste est celui du diabète : près de 7 milliard d’euros de dépenses et 3 millions de patients en 2015, et 4 millions en 2020 !!,

Même intérêt majeur de:

  • La prévention primaire : hygiène alimentaire, sport (objets connectés ludiques voir marqués CE)
  • La prévention secondaire : surveillance connectée de la glycémie (objets connectés CE)
  • La prévention tertiaire, optimisation connectée de la glycémie, utilisation de dispositif de type pancréas artificiel connecté.

Le huitième poste est représenté par les Maladies neurologiques ou dégénératives : 5.5 milliards d’euros 1.2 million de personnes en 2015,

Beaucoup de ces patients sont en EHPAD et pourraient bénéficier de la télémédecine pour le dépistage et le suivi, évitant bien des transports de ces personnes souvent à mobilités réduites, évitant bien des prescriptions, souvent abusives et coûteuses par ambulance entre les établissements médicaux sociaux et les services hospitaliers.

Le neuvième poste concerne les maladies respiratoires chroniques : 2.9 milliards d’euros, 3 millions de personnes en 2015.

De nombreuses études ont montré l’intérêt évident de la télésurveillance d’oxygénothérapie à domicile, de la télésurveillance de l’oxymétrie chez les patients appareillés à domicile pour un Syndrome d’Apnées du Sommeil. Intérêt du suivi de la fonction respiratoire à distance par un télé monitoring de la spirométrie et/ou de l’oxymétrie, la mesure par Spirotel (spiromètre de poche dédié à la télémédecine) et par la transmission des résultats par téléphone à un serveur médical… Cela apporte confort, sécurité, réduction des hospitalisations et de la durée des séjours avec amélioration du pronostic vital…

De façon générale de très nombreuses études et ce depuis déjà quelques années ont démontrées l’efficacité clinique de la télésurveillance chez les patients atteints de diabète, d’hypertension et d’asthme, notamment chez ceux dont l’état de santé initial est jugé grave.

La télésurveillance permet une meilleure compréhension de l’état de santé, une meilleure maîtrise des symptômes associés à la maladie et une plus grande observance du régime médicamenteux et une plus grande autonomisation des patients.

La télésurveillance engendre une réduction de la demande en soins de santé, précisément chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque ou de maladie pulmonaire obstructive chronique.

Une étude sur deux* a montré une baisse significative de la consommation de services tels que les visites en urgence et les hospitalisations, alors que l’autre moitié conclut à l’équivalence de la télésurveillance et du suivi à domicile traditionnel sur ce plan. * ( Antadir.com/telemedecine.pdf )

Voir également à ce sujet : Priorité à la télésurveillance des maladies chroniques en France

Mais il y a beaucoup de travail sur la planche, seule une volonté sans faille de la  gouvernance permettra de lever les freins multiples de cet écosystème qui est si difficile à faire bouger, mais comme la société évolue il ne peut pas ne pas suivre. Comme disent les spécialistes des nouvelles techniques de l’information et de la communication, nous allons être comme l’économie et l’administration, « data driven » ! (voir le bel exemple dans notre chronique Estonienne).

Aux médecins de conduire eux-mêmes cette révolution, beaucoup de spécialistes ayant brillés dans le marketing digital sont très heureux de se reconvertir dans les sciences sociales et nous apportent tout leur savoir.

Un seul exemple particulièrement emblématique : prenez une entreprise comme BenevolentAi, qui veut accélérer le développement de médicaments pour certaines maladies orphelines et cancers rares.

Afin de booster la recherche, elle a décidé, ce qui est unique dans l’industrie du médicament, de créer deux pôles complémentaires BenevolentTech et BenevolentBio.

La tâche de BenevolentTech dirigé par Jérôme Pesenti, l’un des meilleurs spécialistes de l’intelligence artificielle est d’utiliser toutes les ressources du Deep learning, du Machine learning, des neurones artificiels… de créer des d’algorithmes très sophistiqués pour aider le travail des chercheurs Pharmacologistes (biologistes, chimistes…) de la division BenevolentBio.

Les mathématiciens informaticiens de « Tech » apportent, par exemple, de nouveaux outils permettant notamment aux chercheurs de « Bio » de tenir compte de la totalité de la masse considérable des travaux scientifiques. Boostant ainsi les recherches et diminuant considérablement  les durées classiques des programmes.

Les études en cours concernent les pathologies neurodégénératives  (Alzheimer, Parkinson, SLA…), cancers rares, maladies rares.

Voilà démontré par de nombreux exemples l’intérêt des nouvelles techniques de l’information et de la communication pour la modernisation du panorama de la santé, l’aventure n’en est qu’à ses balbutiements…

Crédits photo : Hush Naidoo #Thx

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