Les déserts médicaux : l’échec programmé

Écrivant le dernier chapitre sur l’intérêt de la santé connectée pour la réduction des dépenses de santé, je pensais qu’une gestion connectée de la médecine dans les déserts médicaux apporterait à la fois une amélioration de l’organisation des soins et probablement aussi des économies à terme.

 Mais il ne faut  pas se leurrer et il faut avouer que nous sommes actuellement dans une situation d’échec avec une aggravation majeure de la situation à attendre dans les prochaines années (Voir nos sujets…).

Place de la santé connectée dans le quotidien d’un Médecin Généraliste dans le désert médical de Decazeville  

La télémédecine, et les déserts médicaux : du nouveau depuis notre dernière mise à jour

Les déserts médicaux : le Nord Aveyron, le canton de Lot et Truyère témoignage du Dr Gilles Verrez 

Les décideurs sont incapables d’avouer leur absence totale de réflexion concertée et sereine sur le problème du numérus clausus (Ministère de la santé, CNOM, CHU, Syndicats d’étudiants et de médecins …).

Il faut une action urgente avec création de postes au concours de l’internat qui soient réservés à l’exercice libéral de la médecine générale (Les soins primaires, la prévention…), avec peut être une contractualisation dès l’internat pour l’installation de jeunes médecins en zone sous dotées en personnel médical.

Plus généralement, ce qu’il faudrait faire aujourd’hui: optimiser l’organisation des pratiques médicales dans des structures de soins pluridisciplinaires avec un nombre suffisant de Médecin,  ce qui permettrait à terme de pratiquer une meilleure médecine avec moins de Médecin. Il s’agit de:

– Multiplier le nombre des maisons de santé pluridisciplinaire

– Généraliser l’utilisation du Dossier Médical Partagé

– Généraliser l’utilisation des systèmes de transmission des données de santé (Apicrypt MSSanté).

– Généraliser la possibilité de faire de la téléconsultation et de la télé-expertise.

– Obligation aux médecins de mettre dans le DMP et de transmettre sans aucun délai les éléments médicaux des patients après consultation ou hospitalisation.

– Généraliser la e-prescription

– Recentrer les tâches du médecin de ville sur les vrais soins primaires, les pathologies aiguës.

– Déléguer les tâches médicales répétitives au personnel paramédical libéral formé pour l’occasion

– Déléguer aussi une grande partie des actions de prévention. S’il est pour le moment indispensable d’être un médecin bien formé et hautement qualifié pour diagnostiquer des évènements aiguës et réagir en conséquence, faut-il faire 10 ans d’études pour animer des actions de prévention primaire ou secondaire dans le cadre de l’HTA du Diabète, des dyslipidémies… certainement pas,

Je pense que si la mobilisation est très forte concernant la mise en œuvre de ces actions, on pourrait espérer une amélioration pérenne de l’offre de soins quantitativement et qualitativement, avec effectivement à terme un numérus clausus peut être peu différent de ce qu’il est actuellement.

Mais cela est bien sur déjà trop tard pour les prochaines années compte tenu des délais de formation. Les pouvoirs publics proposent actuellement des solutions qui sont théoriquement très intéressantes pour améliorer l’offre de soins et pour diminuer les dépenses de santé. Mais compte tenu de la situation de crise actuelle, ce ne seront que des emplâtres.

Donc il faudra continuer à recruter des médecins étrangers venant de pays où ils sont encore moins bien rémunérés qu’en France, en risquant de déstabiliser le système de soins de ces pays.  Il faudra que nos jeunes Français déboutés après la première année de Médecine continu à tenter leur chance en Belgique, en Roumanie et Dieu sait où.

Voilà les idées actuelles des pouvoirs publiques et nos commentaires.

  • Création de 300 postes de médecins exerçant dans le cadre de la télémédecine et qui vont se partager entre la ville et l’hôpital, des praticiens hospitaliers pourraient ainsi exercer une journée par semaine dans une maison de santé »

C’est à dire 3 postes supplémentaires, à temps très réduit, par département ! Alors qu’aujourd’hui il manque plusieurs postes par cantons, et de nombreux postes dans les grandes villes (centre-ville ou l’immobilier est trop cher et périphérie ou existe des problèmes de sécurités…). Et où va-t-on trouver ces « praticiens hospitaliers  » actuellement oisifs, puisqu’il est bien dit dans la proposition suivante que cela doit se faire avec un Numérus Clausus stable.

  • Multiplier les stages des étudiants dans les cabinets de médecine libérale sans faire évoluer le numérus clausus afin d’attirer les jeunes médecins dans les déserts médicaux ».

Cela voudrait dire qu’il y a trop d’étudiants dans les actuels terrains de stage (CHU, Hôpitaux généraux, Médecine de Ville !!

  • Multiplication par deux des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) pour les porter à 2000 en 2020 avec un investissement de 400 millions d’Euros ».

Et où trouver les centaines de médecins pour les faire fonctionner ces MSP?

  • Essayer de retenir les médecins, jeunes retraités, avec des incitations financières.

 Pas très crédibles.

  • Déléguer un certain nombre de tâches médicales aux infirmiers libéraux ».

Cela va être une absolue nécessité, remplacer les médecins partant à la retraite par des para- médicaux « nouvelles formules », encore faut-il organiser cela…

Qui peut argumenter et démontrer que la désertification médicale ne va pas s’aggraver ?

 

Crédit Photo : Sandro Katalina #Thx

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