Les déserts médicaux : le Nord Aveyron, le canton de Lot et Truyère témoignage du Dr Gilles Verrez

Pré requis :

Avoir sous la main une carte du Nord Aveyron, cela vous sera utile pour la lecture du billet et ultérieurement pour visiter cette superbe région.

Regarder l’annonce du Docteur Gilles Verrez sur You Tube

Relire le billet : « Les candidats à l’élection présidentielle plébiscitent les maisons de santé pluridisciplinaires » :

Cher lecteur,

Les plus hautes autorités de l’état ont parlé ces derniers jours des désert médicaux depuis des maisons de soins pluridisciplinaires bien dotées en matériel et en personnel médical et paramédical.

Innovationesante va parler du même sujet tel qu’il est vécu dans un des cantons de l’Aveyron, il s’agit du canton de Lot et Truyère dont le bureau centralisateur est à Espalion.

C’est une merveilleuse région traversée par le Lot avec les petits Bourgs et villages d’Espalion, d’Estaing rendu célèbre depuis que la fondation de notre ancien Président du même nom a pris en charge les destinées du Vieux Château, et enfin Entraygues qui est au centre de notre billet.

Pour tous ceux qui serait attirés par le calme les sports de nature la pêche ou la cueillette des champignons ils peuvent me contacter (je ne leur donnerai pas mes coins à girolles) je pourrai les aider dans leurs pérégrinations (éventuellement sur le chemin de Compostelle).

Mais le sujet de ce bloc est nettement moins glamour.

Ma connaissance de la vallée, mais surtout ma rencontre avec Monsieur le Docteur Verrez Gilles de la maison de soins pluridisciplinaires d’Entraygues mon permis de rédiger ces quelques lignes.

Voilà la situation aujourd’hui dans ce canton.

Il y a une très belle maison de soins pluridisciplinaire à Entraygues, commune à la jonction entre la vallée du Lot et la vallée de la Truyère. Je l’ai visité, chaleureusement accueilli par Madame la secrétaire, cheville ouvrière de la maison dont le comptoir d’accueil vous happe à quelques pas de la porte d’entrée, elle connaît tous les rouages de la maison, il est parfaitement visible qu’elle prend très à cœur ses nombreuses tâches.

Voilà l’histoire : la commune avait encore la chance d’avoir trois médecins il y a peu, l’un est parti à la retraite, un 2ème après avoir beaucoup travaillé également cessera prochainement ses activités.

Mais comme vous le savez si vous avez lu notre billet : « Les candidats à l’élection présidentielle plébiscitent les maisons de santé pluridisciplinaires » une maison de soins pluridisciplinaires ne peut fonctionner qu’avec deux médecins, mais voilà justement nous sommes dans un désert médical, et ce n’est que grâce à un arrangement local que la maison de santé peut prétendre héberger deux médecins.

Le pilier en est Monsieur le Docteur Gilles Verrez, présent en permanence, le 2ème est en fait installé à Espalion à 25 km de là et assure une permanence 3 jours par semaine dans le village certes touristique mais un peu délaissé sur le plan sanitaire d’Estaing, et qui est à 15 Km.

Je vous annonce que le valeureux médecin en poste à Entragues est un professionnel expérimenté, très motivé, il est en plus maître de stage et a déjà reçu et formé neuf stagiaires, et ce n’est que grâce aux bonnes relations qu’il a pu conserver avec ses anciens élèves qu’il a réussi in extremis à partir quelques jours en vacances en ce mois d’octobre. Il n’y a aucun médecin installé à proximité susceptible de le remplacer même pour une très courte période (c’est le propre du désert médical), le sympathique ex stagiaire prendra ainsi en charge le poste pendant 3 jours et permettra au Docteur Verrez de souffler un peu.

Dans l’année notre vaillant médecin partage les gardes avec le médecin de Mur de Barrez situé à 30 km de là.

Après le départ imminent en retraite de son confrère installé à Entraygues (indépendamment de la maison de soins), notre médecin restera seul en pratique, il  annonce d’ores et déjà qu’il ne sera pas en mesure d’assumer seul la charge de travail là où il y avait trois médecins.
La situation n’est pas meilleure autour de lui (reprenez votre carte), à Sainte-Geneviève-sur-Argence non loin de là il y avait également trois médecins, à partir de 2018  il n’y en aura plus qu’un.
À Saint-Amans-des-Cots  il y avait également trois médecins, il y en a plus qu’un seul aujourd’hui.

A Mur-de-Barrez les médecins étaient cinq il n’en reste plus qu’un.

La solution pour traiter le problème des déserts médicaux n’est donc pas uniquement la création de maison de santé ou de maisons de soins pluridisciplinaires, même si à Innovationesante.fr nous croyons beaucoup à ce type d’exercice.

 La solution immédiate est de trouver des médecins pouvant s’installer dans ces régions.

Il est odieux de faire porter la responsabilité de ces problèmes aux méchants médecins de ville qui ne veulent pas aller à la campagne.

Pour ma part j’exerce dans les Alpes-Maritimes et même dans cette région privilégiée au niveau démographie médicale, les médecins qui partent à la retraite ne retrouvent que très rarement des remplaçants. Les rares jeunes médecins nouvellement installés me déclarent qu’après seulement 1 ou 2 années, ils refusent les nouveaux patients, leur consultation étant déjà saturée.

Bien sûr me diriez-vous si en plus ils ne veulent pas travailler plus de 60 heures par semaine…

Voilà donc le problème :

Nous ne formons pas assez de médecin en France, ou tout du moins l’exercice de la médecine dite générale n’est pas suffisamment valorisé, de très nombreux étudiants et potentiels futurs médecins sont écartés de la carrière par l’injustice d’un numérus clausus non adapté.

La situation est Kafkaïenne, certains de nos injustement recalés vont suivre leurs études à l’étranger comme en Belgique, en Roumanie… afin d’obtenir le diplôme et revenir au bercail et  s’installer.

Dans d’autres cas, et revenons à notre canton, de jeunes confrères étrangers viennent s’installer en France, comme cette consœur Roumaine qui a tenté une installation dans notre beau village d’Estaing et qui est finalement repartie.

Quel gâchis : provoquer de la frustration chez de nombreux jeunes étudiant français et chez de jeunes confrères étrangers insuffisamment préparés à une aventure chez nous.

Mais voilà, il suffit de demander à ce qui savent, qui ont une connaissance concrète des problèmes !

Notre médecin référent d’Entraygues a une idée à proposer, elle me paraît géniale.

« Pourquoi ne pas repêcher un certain nombre d’étudiants situés immédiatement après la liste des heureux élus du concours de première année, en leur demandant en échange une installation pendant au moins quelques années dans les déserts médicaux ».

Je pense que Gilles Verrez a parfaitement raison il  ajoute qu’ils seraient très peu à refuser le deal.

Je rassure tout de suite les esprits chagrins qui pourrait penser que ce seraient de futurs médecins de 2ème choix. En effet ils n’auraient été recalés que pour quelques dixièmes de points par rapport aux derniers reçus.

Alors bien sûr il y a d’autres pistes, je suis d’accord avec notre premier Ministre, avec notre Ministre de la santé, il est également fondamental que la profession médicale se réforme en profondeur afin que nos futurs médecins soient « mieux utiliser », il faut les délester le plus possible des tâches administratives, d’un certain nombre de gestes qui peuvent être réalisés par les pharmaciens, les sages-femmes, les infirmières diplômées d’État…

Il est bien connu qu’un certain nombre d’éléments répétitifs de surveillance des malades chroniques peuvent également être pris en charge par des non médecins et cela grâce à l’utilisation des nouvelles techniques qui utilisent des applications avec des algorithmes simples.

À Innovationesante.fr nous sommes de farouches partisans de la télémédecine avec le cortège de la téléconsultation de la télé-expertise et de la télésurveillance.

Ces techniques permettraient à notre médecin d’Entraygues d’être encore mieux connecté avec ces confrères spécialistes, et lui permettraient peut-être de traiter sur place des patients qu’il aurait adressé à un centre éloigné.

Certes l’équipement des maisons de soins en cabine de télémédecine, en matériel informatique et système de transmission des données de santé et en dossier médical intégrant le dossier électronique du patient (le dossier médical partagé : DMP) sont des solutions essentielles qui sont en cours de développement et qu’il faut très nettement encourager notamment en simplifiant la gouvernante.

Et nous pensons que les nombreuses initiatives gouvernementales prises depuis le début de ce dernier quinquennat, montre une nette volonté de s’engager dans cette direction. L’engagement fort des CPAM notamment en ce qui concerne la généralisation du DMP, et des systèmes de communication de type MSSanté est également une réalité.

Mais pour conclure il faut offrir au Docteur Gilles Verrez :

-Tout de suite un confrère à plein-temps pour partager les tâches à la maison de soins pluridisciplinaires d’Entraygues en collaboration avec le secrétariat, les Infirmier(es) et Dentiste.

 Et ce n’est pas pour rien qu’il a poussé ce cri d’alarme sur YouTube, que je vous demande de relayer.

-dès que possible l’optimisation des tâches administratives grâce aux nouvelles techniques de l’information et de la communication, en intégrant le dossier médical partagé au sein du fichier du patient, en intégrant également le système de transmission de type MSSanté ou Apicrypt.

Mais avec l’aide technique et financière adaptée.

Alors la sécurité sanitaire de cette partie du canton sera sensiblement consolidée, et notre médecin pourra peut-être faire un peu plus souvent du canoë sur le Lot qui coule à 15 mètres de la maison de santé.

En attendant courage Docteur Verrez !

2 commentaires Ajoutez les votres
  1. je répondrai a cette publication plus longuement mais savez vous que …

    les jeunes qui veulent s installer veulent bénéficier d un contrat de collaboration avec un taux de reversement habituellement de 25% ,c est la regle
    mais ces 25% sont assujettis a la TVA!!!!!!! que le jeune installé ne veut pas payer
    d autre part la TVA n est pas recuperable chez le médecin ,,,,,,
    comme mesure incitative c est extraordinaire
    d autant encore que le remplacement par exemple n est pas soumis a la TVA

    1. merci Joël pour votre apport d’information.
      Je ne suis pas entré dans les détails des incitations financières à s’installer dans les déserts médicaux, merci de compléter votre commentaire concernant ce problème de TVA ui me laisse perplexe! nos colonnes vous sont ouvertes.

      En ce qui concerne le canton qui est mis en valeur dans ce billet, un jeune Médecin intéressé par une première installation à Entraygues peut obtenir une aide forfaitaire de 50 000 €, 50% à l’installation, 50% après un an.
      Vous trouverez dans le lien ci-joint toutes les aides à l’installation qui ont été publiées sur ameli.fr en début de cette année.
      « LUTTER CONTRE LES DÉSERTS MÉDICAUX » AMELI.FR goo.gl/EBD1AP
      Il y a donc les aides pour une première installation : Les contrats d’aide à l’installation des médecins.
      Les contrats de stabilisation et de coordination des médecins pour les médecins déjà installés.
      Des aides pour la transmission d’activité : le contrat de transition pour les confrères en fin de carrière qui s’engagent à accompagner un confrère plus jeune qui prendra la suite de son cabinet.
      Enfin il y a les contrats de solidarité territoriale médecin, pour des activités partielles, destinés aux confrères souhaitant consacrer une partie de leur activité en zone sous dotée.

      Il y a bien évidemment les nouveaux dispositifs dont à parler Monsieur le Premier ministre, et Madame le ministre de la santé, il s’agit là de création de poste de médecins, de stage pour les étudiants, de multiplication par deux des maisons de santé pluridisciplinaire, de nouvelles incitations financières qui n’ont pas été encore détaillées, et enfin de délégation de tâches vers les infirmiers libéraux.

      Vous trouverez nos commentaires concernant ces dernières mesures sur notre prochain billet intitulé : « La télémédecine, et les déserts médicaux : « Du Nouveau depuis notre dernière mise à jour « (consacrée à la télémédecine).

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