La Santé connectée en cardiologie

L’entrée fracassante des nouvelles technologies de la communication et de l’information dans le domaine de la santé impacte très fortement la Cardiologie.

L’objet connecté « historique » utilisé depuis les années 80, notamment par le sportif du dimanche et autre randonneur, restera le symbole de l’entrée de la médecine dans le monde connecté. Cette petite puce, est l’accéléromètre permettant de compter nos pas ou nos foulées, couplée à un GPS, elle permet déjà quelques prouesses techniques utiles au suivi de notre mobilité !

Cette petite puce joue un rôle considérable dans le développement des bonnes habitudes de prévention primaire, permettant de lutter contre la sédentarité, le surpoids, la dyslipidémie, l’hypertension artérielle, le diabète: ce n’est pas rien…

Parcourons les avancées technologiques annonçant une révolution dans la prise en charge de bon nombre de pathologies cardio-vasculaires.

Voilà par exemple un objet connecté également très largement utilisé notamment par les sportifs, car il permet de calculer la fréquence cardiaque. Il s’agit de la classe des cardiofréquencemètres.

Il y a d’une part les cardiofréquencemètres de poignet qui envahissent le marché, il s’agit d’un système de lecture optique via un signal lumineux infrarouge. Un capteur évalue le volume de sang sous la peau, déduisant le rythme du cœur. Ces dispositifs de poignet sont très imprécis notamment lors des variations du rythme cardiaque ! La corrélation avec l’électrocardiogramme est environ de 80 % saufs pour un produit plus récent qui peut atteindre une corrélation de 90 %.

Ces produits ne peuvent assurément pas être des dispositifs médicaux. Ils peuvent être utiles au sportif amateur mais certainement pas au sportif professionnel ou au patient qui doit surveiller ce marqueur du fonctionnement cardiaque.

Pour une mesure précise existe le cardiofréquencemètre équipé d’une sangle de poitrine qui donne des résultats assez proches d’un véritable électrocardiogramme, car il mesure directement les pulsations cardiaques (99 % de précision par rapport aux données de l’électrocardiogramme). Ce dispositif est connecté. L’enregistrement des données peut permettre un suivi précis du rythme cardiaque, et donc par exemple suivre l’état de forme d’un sportif professionnel ou surveiller efficacement un patient « cardiaque ».

Un autre dispositif médical connecté qui devrait être généralisé auprès d’une population ciblée est le tensiomètre. Pour l’OMS, l’hypertension artérielle est le premier facteur de mortalité dans le monde, elle est en cause dans 51 % des décès liés à un accident vasculaire cérébral, et dans 45 % des décès liés à une cardiopathie ischémique.

Toujours selon l’OMS, seuls 55 % des hypertendus traités ont une pression artérielle satisfaisante à domicile. Or moins de la moitié des hypertendus traités disposent d’un appareil d’auto-mesure ou savent prendre correctement leur pression artérielle.

Il est reconnu que la pratique de l’auto-mesure à domicile contribue à améliorer le contrôle des hypertendus en France, cela serait le meilleur moyen d’évaluer la pression artérielle d’un patient hypertendu selon le Professeur Xavier Girerd cardiologue et directeur scientifique des études FLAHS réalisées par le CFLHTA (Comité Français de Lutte Contre l’Hypertension Artérielle).

Certaines applications pilotées par Smartphone ou tablette peuvent permettre la visualisation des résultats des données fournies par le tensiomètre sous la forme de graphiques personnalisés. Le partage des résultats peut-être instantané auprès de proches ou d’un médecin référent.

Des effets cliniques sont en cours sous la houlette de Gregory Perrard et Elisabeth Pouchelon, cardiologues libéraux. En collaboration avec l’industrie, un suivi observationnel de patient hypertendus équipés d’un tracker et d’un tensiomètre est effectué en utilisant une application chargée sur le smartphone du patient, l’étude porte sur l’acceptabilité des objets connectés et des effets du dispositif sur le suivi chez des patients mal contrôlés. Des résultats devraient être connu très rapidement. Réf: La cardiologie connectée à l’heure des tests

Un autre bijou de technologie et qui ne ressemble a priori qu’à une simple balance, pourrait permettre de prévenir les maladies cardio-vasculaires. Cette balance mesure la fréquence cardiaque, l’indice de masse corporelle, la composition corporelle (graisses, muscles, eau, os). Elle mesure l’afflux sanguin dans le pied, elle calcul le temps que met l’onde de pouls à aller du cœur jusqu’au pied.

Ce système semble efficace pour prévenir les maladies cardio-vasculaires nous dit Pierre Boutouyrie, cardiologue et chercheur à l’hôpital Georges Pompidou à Paris, car la mesure de la vitesse d’onde de pouls qu’elle réalise, « est une mesure essentielle, la plus fiable pour évaluer la santé cardio-vasculaire ». Une étude de validation des résultats de la balance connectée est en cours en la comparant avec la méthode médicale classique (le sphygmomanomètre).

Les pacemakers et défibrillateurs bénéficient eux aussi de la transmission des données, ils sont implantés depuis de nombreuses années chez les patients et ont représenté une avancée technologique qui a révolutionné la prise en charge des troubles du rythme et de conduction… Ils sont donc maintenant connectés. Des dispositifs permettent de transmettre les données de ces dispositifs implantés, par exemple, via une box contenant un téléphone transmettant l’information soit au fabricant de l’appareil soit à un médecin. Mais ces dispositifs génèrent de fausses alertes dans 90 % des cas, le dispositif ne prenant pas en compte le dossier du patient et ces spécificités.

Pour améliorer cela, une société développe une plateforme cloud sécurisée, couplée à un programme d’intelligence artificielle qui permettra aux médecins de suivre à distance les patients qui sont équipés de ces implants, et d’intervenir uniquement pour les cas pertinents. Le tri des alertes, réelles ou non, étant effectué en amont de la transmission des données au médecin, par le programme d’intelligence artificielle, qui analyse les données dans le cadre du dossier médical du patient. Cette innovation devrait voir le jour courant 2017, dès que nous avons des informations, nous les partagerons avec vous !

Mais ce qui freine ce type d’initiative est la carence de l’organisation de la télémédecine en France, l’absence de remboursement des actes en dehors de quelques expérimentations. Les médecins qui l’utilisent le font donc souvent bénévolement, ce qui est un frein majeur au développement de ces systèmes.

Seul environ 5% des patients porteurs de ces implants se sont vus proposer la télésurveillance et sont donc suivi à distance.

Pourtant les bénéfices sont reconnus en termes de confort (moins de déplacements et d’hospitalisations), mais aussi en terme de survie, avec une mortalité réduite de moitié, par la télésurveillance, dans certains cas. Tous les patients doivent pouvoir en bénéficier.

La société initiatrice de cette nouvelle technologie, souligne le bénéfice tant pour la santé du patient que pour les perspectives d’économie pour la sécurité sociale: chiffrée à 500 € par an et par patient. Cet exemple illustre parfaitement la nécessité d’un accompagnement dynamique de la part des pouvoirs publics, afin de promouvoir la télémédecine.

Réf: Implicity, la start-up du futur de la cardiologie connectée ; www.implicity.fr

La dernière innovation que nous voulons vous présenter est le stent connecté. Chaque année, 7 millions de stents sont posés dans le monde, environ 200 000 en France, et 5 millions de nouveaux patients sont décelés. L’objectif du stent est de rétablir la circulation des vaisseaux sanguins obstrués.

Mais la pose du stent peut d’une part abimer les cellules endothéliales recouvrant la paroi de l’artère perdant ainsi leur fonction anticoagulante, et d’autre part entrainer la migration des cellules musculaires de la paroi sur le stent et provoquer une resténose. Des stents dits actifs ont pour cela été développés, ils sont recouverts de médicament, évitant la prolifération cellulaire. Par ailleurs pour éviter le risque de thrombose le patient est traité par des anticoagulants non dépourvu eux-mêmes de complications. Mais il est impossible, de façon simple, et pour un patient donné, de surveiller ces risques de resténose dû à la prolifération cellulaire et aux caillots !

La solution serait un stent intelligent capable de communiquer sur l’état du vaisseau. C’est ce que développe la start-up issue de l’Ecole Polytechnique. Les chercheurs travaillent sur la réalisation d’un stent à la fois intelligent et connecté, en collaboration avec l’équipe d’Abdul Barakat, directeur de recherche au CNRS au Laboratoire d’Hydrodynamique de l’X (LadHyX, UMR Ecole polytechnique/CNRS).

Le stent est muni d’une antenne et de capteurs, et d’un système similaire à La RFID (radio frequency identification device, système permettant la communication à distance de données entre une puce et un lecteur). Les capteurs permettent à ce dispositif médical de détecter les différents types de cellules caractéristiques de la resténose, de la thrombose et de la cicatrisation. Le système est relié à un boîtier de lecture à l’extérieur. Comme un pass Navigo, il suffit au patient d’activer le système régulièrement : quand on passe le lecteur, la puce du stent fait une mesure et envoie les informations au boîtier. Ce dernier, via l’Internet sécurisé, transmet ces données au médecin qui est alors en mesure de prendre la bonne décision.

Un premier prototype a été implanté avec succès chez l’animal en juillet 2015 et le premier essai clinique chez l’homme est prévu pour le début 2018. Le prestigieux MIT a distingué ce projet. C’est en effet l’un des dix projets plébiscités par le MIT Technology Review, revue du prestigieux Massachussetts Institute of Technology de Cambridge aux États-Unis, qui rayonne à travers le monde par l’inventivité et le talent de ses chercheurs.

Réf sur le stent intelligent. Nos artères sous haute surveillance ; Start-up: quand la success story de PriceMatch rend possible celle d’Instant ; Cardiologie : les séduisantes promesses du stent «intelligent»

Nous avons survolé l’apport et l’espoir apporté par les nouvelles technologies, pour ce secteur essentiel de la santé public, représenté par le risque et les pathologies cardiovasculaires. Nous verrons au fur à mesure de nos billets que cette révolution intéresse bien d’autres domaines de la médecine. Donc à très bientôt !

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