Les candidats à l’élection présidentielle plébiscitent les maisons de santé pluridisciplinaires*.

Les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), sont un mode d’exercice de la médecine bien adapté à l’utilisation des nouvelles techniques de communication et en phase avec les problèmes de démographie médicale.
Elles seront assurément au deuxième tour de l’élection présidentielle tant elles sont plébiscitées par la majorité des postulants.
Nicolas Dupont-Aignan souhaite le financement en partenariat avec l’état, de maisons pluridisciplinaires de santé en développant des cabines de téléconsultation médicale dans les Mairies des zones où la désertification médicale est la plus avancée.
Emmanuel Macron est pour la création de maison de santé pluridisciplinaire et souhaite déverrouiller l’accès à la télémédecine.
François Fillion souhaite développer également la création de maisons médicales, il souhaite également inciter le développement de la télémédecine
Benoît Hamon souhaite créer 1500 maisons de santé.
Marine Le Pen veut également développer des maisons de santé.
Jacques Cheminade est pour la réorganisation de la santé en intégrant les maisons de garde.
Philippe Poutou veut créer des centres de santé publique, ouverts 24 heures sur 24 pour la médecine de proximité.
Enfin, Jean Luc Mélenchon propose de recruter des médecins fonctionnaires et de les envoyer dans les déserts médicaux.
On ne peut espérer un meilleur consensus, la maison médicale sera alors l’un des sujets de préoccupation du prochain ministre de la santé.

L’intérêt des pouvoirs publics pour la maison médicale n’a pas attendu la période électorale pour s’intéresser à ce concept qui se développe particulièrement depuis 2008.
Un amendement au projet de loi de modernisation de notre système de santé, consacré à la lutte contre les déserts médicaux a en effet été voté le 8 avril 2015, l’un des leviers privilégié est la création de maisons de santé pluridisciplinaires. Il a été décidé la création de 200 nouvelles MSP en 2015.
D’après une étude menée par la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé (FFMPS), on compte en mars 2015 un total de plus de 1023 établissements en activité ou en projet.
Au sein de chaque maison de santé pluridisciplinaire on retrouve en moyenne 5,1 médecin et 9,2 professionnels paramédicaux qui exercent en libéral.
Il est remarquable de constater que si seule 2 % des structures proposent des actes de télémédecine (cardiologie en dermatologie le plus souvent), 22 % affirment avoir un projet à l’étude.

Quel est l’avantage principal de la création de ces maisons ?
Certainement pas de pallier la pénurie de médecin généraliste, puisqu’il faut qu’ils y soient
présent au même titre que les autres professions paramédicales, (sauf si la maison située dans un désert médical s’oriente partiellement mais résolument vers la télémédecine, voir un peu plus bas…).
Le problème du numerus clausus reste donc entier. Il doit être étudié et réglé indépendamment, ce n’est pas l’objet de ce billet.
Nous ne parlerons pas non plus ici des avantages à retrouver dans un même lieu des médecins et des paramédicaux collaborant pour le plus grand bénéfice des patients.
Le principal avantage, est de permettre une nouvelle organisation de l’exercice de la médecine, permettant de rationaliser l’utilisation des nouvelles techniques de l’information et de la communication, via une véritable numérisation de l’exercice médical.
Les nouveaux modes de rémunération qui sont proposés aux maisons de santé pluridisciplinaires vont dans ce sens. Ces modes de rémunération sont réservés aux maisons de santé qui acceptent de se doter d’un outil juridique appelé la Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA). Lors de sa création la maison de santé peut contractualiser avec l’Agence Régionale de Santé permettant in fine ces nouveaux modes de rémunération.

Les engagements obligatoires comportent notamment et en ce qui nous intéressent ici :
– l’informatisation de la maison de santé
– la coordination et le partage d’information avec en particulier un système d’information labellisé Asip Santé, avec partage des dossiers informatisés des patients par les professionnels de santé intervenant dans leur prise en charge.
Cela oblige la maison de santé à contractualiser avec un partenaire informatique fournissant le logiciel labellisé, les outils de partage d’information, de communication sécurisée, de statistiques.

Cette évolution vers la numérisation est la même que celle qui est souhaitable pour le cabinet médical classique, mais l’organisation sera peut-être plus facile à gérer dans ce cadre collectif, notamment parce qu’un système d’avance de trésorerie existe, permettant aux maisons de santé qui signe un contrat d’engagement de pouvoir réaliser l’investissement nécessaire.
Une fois bien installée dans ses murs et dans son système de gestion numérisée, la maison de santé pourra évoluer vers l’utilisation plus complète des nouveaux modes de communication.
La maison de santé pourra s’intégrer dans l’espace MSsanté lui permettant ainsi de communiquer de façon dématérialisée et sécurisée avec l’hôpital public par exemple.

Nous pourrons citer pour l’exemple cette maison médicale en Poitou-Charentes qui a bénéficié de l’installation par le groupement de coopération sanitaire locale d’une boîte organisationnelle, la boîte est gérée par la secrétaire médicale qui distribue dans les dossiers patients tous les messages entrant adressés aux médecins.
La boîte permet par ailleurs une communication directe entre les confrères disposant d’une messagerie MSsanté.

Lorsque les nombreux freins réglementaires seront levés, (voir notre billet « la télémédecine : espoir, définition et réalité. », la maison de santé, surtout si elle est située dans une zone sous médicalisée, pourra pleinement utiliser les possibilités de la télémédecine :
– soit en réalisant des téléconsultations avec un médecin généraliste à distance, mais le principe même de la maison de santé est lié à la présence d’au moins deux médecins.
– soit donc plutôt en organisant des téléconsultations avec des spécialistes permettant au médecin isolé de requérir l’avis d’un expert, situé par exemple dans un centre hospitalier spécialisé, et de permettre ainsi tout type de consultation…
– une téléconsultation peut également être envisagée dans le cadre de l’urgence pour des pathologies aiguës, et de permettre d’optimiser le parcours de soins du patient, parcours particulièrement complexe en zone rurale pour des pathologies de type infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral.
– une activité de télé-médecine réglée peut également être gérée par un professionnel paramédical, infirmier, par exemple, permettant des actions de télésurveillance pour des patients chroniques, surveillés dans un service spécialisé. (Consultation de psychiatrie, surveillance de plaies chroniques…), ou pour des consultations de dermatologie par exemple. Cette organisation évitant de nombreux déplacements.

Afin d’organiser dans des conditions techniques optimales ces actes de télémédecine, la mutualisation des moyens devrait permettre à la maison, d’acquérir le matériel parfois sophistiqué et coûteux permettant cette prise en charge à distance. Je veux parler de station mobile de télémédecine avec système de visioconférence équipée avec le matériel de base : thermomètre sans contact, électrocardiogramme, oxymètre de pouls, tensiomètre, lecteur de glycémie, appareil photo, pharyngoscope

Il existe également de véritables cabines de télémédecine marqué C.E, nécessitant la présence d’un opérateur (un professionnel paramédical de la maison de santé par exemple).
D’autres chariots ou stations de télémédecines seront rapidement à la disposition des utilisateurs.

En conclusion la Maison de santé pluridisciplinaire doit apporter un service médical et paramédical de haute qualité dans les régions sous médicalisées ou éloignées des centres hautement spécialisés.
Elle est l’occasion d’une véritable modernisation de notre système de soins, s’appropriant les nouvelles techniques de communication.
Nous verrons comment notre prochain président fera appliquer les intentions affichées pendant la campagne.
Innovationesante.fr veille !

*La maison de santé pluridisciplinaire:
C’est une entité particulière différente des cabinets de groupe, ou il n’y a pas de projet de soins coordonnés. Différente des centres de santé ou les professionnels sont salariés.
La MSP est riche d’au moins 2 médecins et 1 paramédical.
Les professionnels sont libéraux et conventionnés.

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