Chronique Estonienne chapitre II

Après cette magnifique introduction offerte par Mme Kadi Metsandi, qui je l’espère vous aura donné envie d’en connaitre un peu plus sur le quotidien numérisé de nos amis Estoniens voilà quelques précisions.

Revenons un peu sur cette fameuse carte d’identité multifonctions connectées…

Elle permet d’accéder au dossier médical en ligne. Le système de carte d’identité électronique utilise la technologie Blockchain pour optimiser la confidentialité et la sécurisation des données. Le dossier n’est ainsi accessible qu’aux personnes autorisées.

Le Dossier de santé électronique intègre les données de tous apportées par les partenaires participants aux parcours de soins, chaque patient peut y accéder en ligne.
C’est une base de données nationale centralisée, le dossier de santé électronique récupère tous les documents médicaux, il les rend accessibles au patient dans un format standard via le portail e-Patient. Les médecins y ont un accès direct, ils peuvent lire les résultats biologiques, consulter les fichiers d’images, radiographies réalisées dans n’importe quel centre Hospitalier.
L’ensemble des dossiers médicaux est géré également par la technologie Blockchain.

L’utilisation de la technologie blockchain n’est pas autorisée à ce jour par l’administration Française, vous pouvez noter que notre gouvernement vient, il y a quelques mois par la voix de Bruno Lemaire, et pour la première fois, de commander un rapport sur cette technologie, notre Ministre a présenté au cours du Conseil des Ministres du 8 décembre dernier un projet d’ordonnance visant à permettre l’usage de cette technologie pour simplifier et sécuriser le transfert de la propriété de titres financiers non cotés. L’ordonnance devrait entrer en application en juillet 2019.
Pour Bruno Lemaire cela apportera « l’innovation dans les services financiers » la place parisienne, serait ainsi la première en Europe à autoriser l’usage de la blockchain, afin d’améliorer son « attractivité ».

Je veux souligner ici qu’en Estonie, et il y a déjà plus de 20 ans, l’idée initiale (concrétisée en 20 ans) était de numériser la totalité des activités de l’administration dans tous ses composants (service de l’état, santé public…).
Au contraire, et pour l’instant, l’état français ne semble entrer que timidement sur cette voie…Mais c’est déjà un début.

Mais revenons à notre sujet Estonien!

Ainsi 97% des Estoniens ont un dossier médical électronique utilisable par tous les intervenants au niveau National.
Un urgentiste peut utiliser le code d’identification d’un patient, lire des informations nécessaires en urgences (groupe sanguin, allergies, traitements récents et en cours, état et suivi d’une grossesse…)
Le système compile également les data permettant des statistiques nationales, disponibles pour les services du gouvernement. Cela est directement efficient pour suivre les marqueurs en matière de santé, suivre les épidémies et adapter les ressources de santé à bon escient.

Nous voilà bien loin de notre gestion hexagonale des données de santé, nous qui possédons les coffres forts les mieux garnis de données de santé mais qui sont actuellement totalement inexploités… Même si la loi de modernisation de notre système de santé de 2017 a créé le « Système national des données de santé » (SNDS) qui devrait regrouper les principales bases de données de santé publiques existantes, additionnant donc les données :
Du (pour le moment inutile coffre-fort de l’assurance maladie) : le SNIIRAM,
De La base PMSI contenant les données issues de l’activité des établissements de santé et qui est déjà moins opaque,
De La base CepiDC, gérée par l’INSERM, contenant les données sur les causes de décès, Des données liées au handicap issues des maisons départementales des personnes handicapées,
Des données provenant des « complémentaires santé » (mutuelles par exemple).

Voilà un beau projet pour recycler les vielles données. Pour le futur ne faudrait-il pas un seul coffre-fort intégrant directement toutes les données dans un super dossier médical électronique, en effet, finalement, la plupart des data saupoudrées dans les impasses sus situées sont des données qui appartiennent aux patients…

Mais nous n’avons pas tout dit sur les avantages de l’identité numérique en Estonie et des autres services en ligne.
En effet la numérisation ne concerne pas seulement le dossier médical, 97% des prescriptions sont numériques. 100% des facturations des soins le sont également (dur dur pour les nostalgiques du paiement direct)

A lire dans le prochain chapitre.

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